La bête

« Chérie ! Viens te coucher » cria la mère de la salle de bain.

L’enfant grogna et s’installa dans son lit : « Veux pas dormir ! »

La mère entra dans la chambre. Son visage était lasse, marqué par les rides. « Si tu veux, je te raconte une histoire. »

-« … Je veux une histoire qui fasse peur.

-L’histoire que je vais raconter fait très peur. -Oui ! Raconte ! -Et bien voilà… »

Depuis quelques temps, dans la région d’Izèlle, un meurtrier sévissait. Il étranglait ses victimes et les cachait sous leur lit. On disait qu’il était entièrement blanc, sauf la tête, une tête humaine, une tête de fillette, qui ressemblait étrangement à sa première victime. Un jour, une jeune fille intrépide décida de percer ce mystère. Personne ne s’y était risqué, jugeant l’affaire trop dangereuse. Cette jeune fille s’appelait Laury et venait de fêter ses 11 ans. Le jour d’après, la bête fit encore une victime. Laury décida d’aller interrogé les proches de la victime. La mère se révéla tellement choqué qu’elle ne put que répéter : « Florence, ma pauvre Florence ! Elle n’avait que 11 ans, seigneur ! » La jeune fille nota dans un coin de sa tête que la victime avait 11 ans. « C’est vrai que c’est tôt pour mourir. »pensa-t-elle, elle qui avait tout juste 11 ans. Ses pensées morbides la firent frissonner. Le lendemain, après une nuit remplie de cauchemars, Laury se réveilla et apprit aussitôt par sa mère que la bête avait encore frappé. La jeune fille s’habilla en vitesse et se rendit sur les lieux du crime. Cette fois, ce fût le frère de la victime qui lui apprit qu’elle n’avait que 11 ans. « Comme moi ! » pensa de nouveau Laury. Elle chassa vite cette idée triste de sa tête. L’après-midi, après avoir englouti son repas, la jeune fille se rendu à l’école communale. A cette époque, tous les âges étaient dans la même classe. Il y avait une petite école par commune avec, dans les petits villages, une seule institutrice. La maîtresse fit entrée les élèves, et pendant qu’elle faisait l’appel, Laury remarqua que dans le village, elles n’étaient plus que deux à avoir 11 ans : Anna et elle. La bête avait tué les autres. Laury réfléchit et déduit qu’Anna était la prochaine victime. Elle attendit la fin du cour avec impatience. Ce soir-là, Laury se coucha toute habiller. Elle attendit 5 minutes après que sa mère soit sortie de sa chambre. Elle sortit dans la rue par la fenêtre. Il faisait noir. Elle se dépêcha et arriva chez Anna. Elle se cacha devant la fenêtre, dans un buisson. Elle avait repéré les lieux le jour. La mère d’Anna se retourna dans son sommeil ; elle avait entendu quelqu'un éternuer. « Sûrement Anna »pensa-t-elle avant de se rendormir. Personne ne sait ce qui se passa ce soir-là, mais toujours est-il qu’au petit matin, les lits d’Anna et de Laury étaient vides. On laissa penser que c’était la bête. Pour la première fois, on ne retrouva pas leur corps sous leur lit. L’affaire fit jaser, mais personne ne trouva le coupable. Avec le temps, elle fut oubliée et les parents se consolèrent.

« -J’ai entendu le parquet grincé !

-Mais non ! Allez, dors, n’oublie pas que demain tu as 11 ans. » Après avoir déposé un baiser sur le front de l’enfant, la mère éteignit la lumière et sortit de la chambre. Peu après, une silhouette blanche à tête de fillette entra dans la chambre. Elle regarda l’enfant longuement, puis déposa un baiser sur son front. Aussitôt, la silhouette commença à s’effacer jusqu’à disparaitre complétement. Au petit matin, l’enfant se réveilla. Il avait 11 ans.

Aurore